Guide des hammams turcs pour les débutants

L'été dernier, presque immédiatement après avoir réservé un voyage à Istanbul, j'ai commencé à me renseigner sur les hammams. S'il y a bien une chose que j'avais envie de faire en explorant cette ville méditerranéenne, c'était de me rendre dans un bain turc traditionnel.

Issu des anciens thermes romains et byzantins, le hammam lui-même remonte au XIVe siècle. Et à Istanbul, nombre d'entre eux, dont le Kilic Ali Pasa ouvert depuis 440 ans et le Cinili Hammam vieux de 380 ans (qui rouvrira ses portes à l'automne 2023 après 12 années de rénovation), conservent leur splendeur et leur charme historiques.

D'après certains témoignages, le hammam aurait vu le jour en réponse à une nécessité précise : il était fréquemment érigé à proximité des mosquées, permettant ainsi aux fidèles de se purifier en se lavant avant de participer à leurs prières. Cependant, selon Yavuz Suyolcu, directeur de projet chez The Marmara Group, qui supervise la restauration de Cinili Hammam, le hammam est également un lieu de rassemblement. Il explique que la culture des bains turcs a évolué grâce aux Ottomans, qui considéraient le hammam comme un élément central de leur vie sociale.

De nos jours, fréquenter un hammam offre l'opportunité d'oublier le stress de la vie quotidienne, selon Selma Yildirim, directrice du luxueux Chi Spa au Shangri-La Bosphorus. Entre le doux bruit de l'eau bouillonnante, la bonne odeur de savon et la brève parenthèse loin de tout tracas qu'offre ce rituel purifiant, impossible de ne pas passer en mode relaxation.

L'expérience est attrayante sans être intimidante, même pour un néophyte, comme j'ai pu le découvrir lorsque j'ai visité mon premier hammam à Istanbul. Cependant, savoir à quoi vous attendre peut vous aider à profiter pleinement de votre baignade.

Quel que soit le hammam (qu'il s'agisse du spa de votre hôtel, d'un établissement avec des horaires différents pour les hommes et les femmes, ou de bains publics aux espaces non mixtes comme Cinili), les visites suivent généralement le même déroulement.

Au somptueux Kilic Ali Pasa, on m'a accueillie avec un verre de jus de fruits, puis conduite jusqu'à un vestiaire où je me suis mise en maillot de bain avant de m'envelopper dans une serviette moelleuse pendant que j'attendais mon tour pour rejoindre dans l'espace thermal.

Quand je suis entrée dans cette première salle de marbre immaculée, un membre du personnel m'a indiqué d'enlever ma serviette avant de me verser de l'eau sur la tête. Bien que je n'aie jamais été du genre à me promener nue dans le vestiaire féminin de la salle de sport, je n'ai pas été trop gênée de me découvrir entièrement (ou presque entièrement) devant des inconnues au sein du hammam.

Une fois lavée, on m'a conduite vers un gros bloc circulaire de marbre chauffé, où je suis restée presque 15 minutes, le temps que mes muscles se détendent. Suyolcu appelle cet espace la « pierre ventrale » du hammam et explique qu'il permet de préparer la peau à l'exfoliation. La pierre chaude et l'atmosphère humide émollient la peau pour faciliter l'élimination des cellules mortes et le nettoyage, selon Yildirim.

Après être passée du bloc de pierre à l'espace de lavage, on m'a confiée aux mains habiles de ma masseuse. Impossible de penser à autre chose qu'au plaisir de se faire exfolier les bras, les jambes et les pieds, de se faire masser le crâne avec douceur et de se faire rincer jusqu'à être plus propre que jamais. Même quand j'ai dû appuyer mes paumes contre le mur pour qu'on me lave le dos du corps à grande eau, je ne me suis pas sentie mal à l'aise du tout. À ce moment-là, j'étais pratiquement dans un état de transe.

Une fois le rituel terminé, on m'a invitée à m'allonger dans une aire de détente où j'ai pu voir divers groupes de femmes (de tranches d'âge et de cultures différentes, des habitantes locales comme des touristes), toutes enveloppées dans des serviettes identiques et visiblement dans le même état d'extase. Bien que l'ambiance feutrée du hammam ne se prête pas à la conversation, une sorte d'harmonie particulièrement apaisante y régnait. Au cœur de la ville animée d'Istanbul, où les foules se pressent sur les trottoirs et les ponts, le hammam est un endroit d'autant plus précieux, car il représente l'évasion ultime.