Titre : Sympathique mais à consommer prudemment
Nous avons fait trois séjours avec mon épouse. Donc, nous avons expérimenté trois chambres bien différentes l’une de l’autre. Attention ! comme l’indique le nom de l’hôtel, toutes les chambres sont appelées suites ! C’est assez farce car aucune des trois suites que nous avons testées n’était une vraie suite (allez à l’Eastern and Oriental de George Town si vous souhaitez savoir ce qu’est une vraie suite…). Ce n’est pas à proprement parler une tromperie : disons une coquetterie lexicale émouvante de la part de la gestionnaire.
Première nuit dans une suite donnant sur le fleuve (river), donc sur le waterfront. En fait, votre chambre donne sur une des principales artères (pour ne pas dire la principale…) de la ville : deux fois deux voies. Pour le fracas, bonjour les dégâts ! Je suis plutôt dur d’oreille et j’ai les meilleurs bouchons d’oreille au monde, mais pour dormir paisiblement six heures dans un tel chantier vous repasserez (vous voulez rire ?: l’adresse de l’hôtel est à Main Bazaar !) ! J’ai été jeune et je sais qu’on peut dormir dans n’importe quelles conditions, mais là, chapeau à celles et à ceux qui disent avoir eu une bonne nuit dans l’une de ces chambres. Comme, en général, on est à Kuching pour aller crapahuter dans les parcs de Bako ou de Batang Ai, il me semble que, quel que soit votre âge, il vaut mieux avoir d’abord bénéficié d’une bonne nuit de repos avant de trekkiner trois ou quatre heures dans des jungles accidentées par 35° à l’ombre et l’hygromètre bloqué sur 90%..
Deuxième séjour. La gestionnaire, très agréable, nous fait visiter deux autres suites, moins prestigieuses a priori. Nous choisissons une suite tout à fait bien aménagée, mais fort tristounette et sans lumière car donnant sur une minuscule courette (le bâtiment n’est pas très grand et se trouve pris en sandwich entre deux rues du centre ville). Là, soufflerie redoutable de la climatisation générale des parties communes : deuxième mauvaise pioche…
Troisième séjour. La très charmante et même délicieuse Gabriella ayant finement subodoré que même dans la suite sur cour le repos nocturne est loin d’être parfait, nous avait réservé, au rez-de-chaussée, une chambre (pardon : une suite…) donnant sur un petit salon tranquille (très peu de clients songent à y traîner car c’est assez sombre). Évidemment, vous devez laisser les double rideaux fermés en permanence (sauf si vous êtes exhibitionniste, certes) et n’utiliser ce lieu aveugle que pour votre repos nocturne (et éventuellement avoir des ébats silencieux si vous ne souhaitez pas que tout le monde en profite acoustiquement parlant).
Quant au décor boutique… mon épouse l’a apprécié (un vieux canon, quelques objets genre musée des arts et traditions populaires), mais, pour ma part, j’ai surtout vu un grand mur en ciment brut de décoffrage genre Bouffes du Nord à Paris. Quant au petit-déjeuner, il se prend dans une sorte de couloir donnant, à l’arrière, sur les coulisses de l’hôtel (elles sont rarement charmantes…) et il m’a fait penser à ce qui m’était réservé quand je fréquentais dans les années soixante les hôtels deux étoiles en France : cela tombe bien pour moi qui me contente, le matin, de deux tranches de pain grillées et d’une tasse de café approximatif.
Donc, accueil très agréable, beaucoup de bonne volonté de la part du staff et une situation idéale (on ne peut plus centrale) pour visiter la ville et prendre ses repas au fameux James Brooke. Pour le reste, si vous souhaitez dormir un peu, prenez le temps de choisir votre suite après un long et fructueux échange avec Gabriella…